Pourquoi ?
Pourquoi les salles de sport sont-elles sacrifiées sur l’autel de la Covid-19 ?
Le président de la République vient d’annoncer une éventuelle date de réouverture pour les clubs de fitness, les salles de sport, comme on dit dans les grands médias, au 20 janvier 2021 !
Nous serons donc les ERP les plus touchés et ceux qui auront subi le plus grand nombre de jours de fermeture…
Comment peut-on expliquer une telle situation ? Si tant est qu’elle soit explicable ?
D’abord, cherchons à comprendre pourquoi l’exécutif reste sourd à nos supplications et à nos demandes justifiées.
Du côté du ministère de l’Économie, c’est assez simple. Nous ne pesons vraiment pas grand-chose, pour ne pas dire rien. En effet, notre secteur d’activité composé de 4 600 TPE et d’environ 50 000 employés représente peanuts.
Pour le ministère de la Santé, c’est un peu plus complexe… Les clubs de fitness ont une mauvaise image, nous laisserions faire n’importe quoi à nos adhérents avec des activités pas forcément adaptées à leur état de santé. Nos salles sont des nids à bactéries et la formation de nos coachs laisse vraiment à désirer. Rappelons que les bienfaits du sport, dont on nous rebat hypocritement les oreilles (surtout en cette période de fermeture des clubs) depuis plusieurs années, représentent 4 heures d’enseignement sur neuf à douze années d’études de médecine ! Enfin, n’oublions pas le lobbying du médicament et des tout-puissants laboratoires pharmaceutiques qui alimente près de 22 000 pharmacies en France, et qui, lui, fonctionne très bien en veillant à entretenir cette consommation abusive qui nous propulse sur les plus hautes marches du podium.
Enfin, en ce qui concerne notre ministère de tutelle, le bien nommé ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports… Ce n’est pas compliqué, mais hypocrite.
En effet, nous représentons pour les fédérations sportives et les fonctionnaires qui les composent, des marchands du temple et des concurrents. C’est tellement vrai, que le ministère préfère faire la promotion de plateformes de cours en ligne de grands équipementiers, voire de fabricants de téléphones, plutôt que de s’appuyer sur l’expertise de notre marché ! C’est aussi vrai, lorsque l’on voit que tout est fait pour nous écarter du sport santé aux bénéfices des fédérations sportives et lorsque l’on nous ignore aussi pour le développement des 500 Maisons sport santé…
Tous ces ministères font semblant de nous écouter et nous promènent depuis plusieurs mois. Force est de constater que nos 7 millions d’adhérents n’ont pas grâce à leurs yeux.
Mais à qui la faute ? À nous certainement.
Je ne vais pas refaire ici la genèse du marché du fitness français qui nous a conduits à cette situation. Le fait est que nous ne sommes pas assez mobilisés, pas assez unis (il n’y a qu’à voir le peu de participants aux quelques manifestations organisées) pour être coordonnés et avoir des actions fortes et médiatiques.
Il semblerait que, même dans ce contexte historique, nous restions concurrents, individualistes. Le fait de sauver son entreprise est naturellement compréhensible, mais il y a un moment où il faut s’unir, s’investir, donner du temps et ne pas attendre que les autres fassent pour vous. Le syndicat de la profession FranceActive (regroupant seulement 1 700 clubs), qui ne ménage pas sa peine depuis le début de la pandémie, fait de son mieux avec ses moyens… Rappelons-nous qu’il n’existait quasiment pas il y a cinq ans !
Notre marché n’est donc pas fort, pas solide, et il faudra vite faire notre examen de conscience si l’on veut réinventer notre métier pour séduire le plus grand nombre avec une image positive et respectable.
Le chemin sera long et difficile, mais ce n’est qu’à ce prix que nous ne serons plus sacrifiés sur l’autel de l’indifférence !
Pierre-Jacques Datcharry