C’est la nouvelle franchise qui a le vent en poupe depuis quelques années. Elle s’installe sur la côte ouest au nez et à la barbe des ténors du low cost. Wefit.club, portée par un coach et un entrepreneur, a franchi le mur de la Covid avec succès en misant sur les petites villes. Depuis peu, elle accélère avec WeInvest, un produit d’investissement permettant aux porteurs de projets et investisseurs de se rencontrer.
Avec ses 36 clubs, Wefit.club offre un bel espoir au marché du fitness français. Celui de voir se créer de nouvelles marques, de nouvelles franchises, sur un positionnement à prix abordable et sans se faire écraser par les monstres sacrés du low cost, Basic Fit et Fitness Park. Apparu en 215, Wefit.club opère principalement dans l’ouest de la France avec un ciblage particulier des petites villes en périphérie des grands centres urbains. C’est ce qu’illustrent ses trois dernières ouvertures : Ligné, non loin de Nantes, Parthenay, proche de Poitiers, et Verrières-en-Anjou, tout près d’Angers, le cœur historique de Wefit.club.
Les deux fondateurs, Gwénaël Ricou et Vincent Belliard, ne l’avaient pas prévu, mais c’est ce positionnement qui va contribuer à les aider à passer l’épreuve de la Covid. « En ciblant les villes rurales, nous avons des loyers faibles, combinés aux aides d’État pendant la pandémie, cela nous a permis de passer la vague plus facilement que dans les grandes villes où le loyer a été handicapant pour certains », observe Gwénaël Ricou. Autre effet positif des villes à densité moindre, « les gens ont moins hésité à ressortir après la Covid et à se remettre en activité », si bien que le réseau a « bien redémarré ». « Dans les plus grandes villes, la reprise a été plus lente, complète Vincent Belliard. Nous sommes entre +10 et +20 % au-dessus de nos chiffres prépandémiques dans les petites villes, alors que dans les grandes, nous sommes revenus à notre niveau d’avant-Covid. » Franchir une telle crise économique avec alors juste cinq ans d’exercice dans les jambes… une prouesse ! Et la dynamique ne se dément pas en cette rentrée 2023. « Nous sommes très optimistes. Dans toutes les discussions que nous avons avec les franchisés, on entend que les gens ont vraiment envie de revenir, et nous-mêmes, nous avons énormément de proches qui nous disent ne pas avoir fréquenté de salle depuis trop longtemps, et veulent s’y remettre pour de bon », assurent Gwénaël et Vincent.
Mais qui est donc ce duo à succès ? Eh bien, il est un nouvel exemple de l’importance d’avoir une équipe fondatrice complémentaire. Gwénaël Ricou d’abord, le coach. Diplômé d’un Brevet d’État Métiers de la Forme au CREPS de Nantes, il démarre comme coach avec l’objectif de devenir préparateur physique. « J’étais passionné de foot, je rêvais d’entraîner une équipe professionnelle, mais c’est un milieu très fermé et si vous n’avez pas les bonnes entrées, c’est très dur de percer », se remémore-t-il.
Il trouve finalement son compte dans le fitness où il prend goût à l’animation de cours collectifs et se grise à l’idée de voir les gens progresser et atteindre leurs objectifs. Il entame sa carrière comme coach dans des clubs en indépendant. Mais une certaine ambition l’anime néanmoins et rapidement, il réunit suffisamment d’apport auprès de sa famille, toque à la porte des banques et leur vend son projet de club à Angers. Une très belle idée, mais à 25 ans, on lui rétorque qu’il n’a pas l’expérience pour gérer une entreprise…
DUO DE CHOC
Qu’à cela ne tienne. Gwénaël se retrouve à un séminaire de L’Orange Bleue. Nous sommes en 2010 et il rencontre Vincent Belliard, l’entrepreneur. Diplômé en économie et gestion à l’université d’Angers, puis de l’École supérieure de commerce et de management de Tours (ESCEM), lui est un cadre en reconversion dans l’industrie, ex-acheteur chez Waterman (les stylos) et en pharmacie. Il reprend un club L’Orange Bleue au Mans la même année, sans aucune expérience dans le fitness. « Étant pratiquant moi-même, le milieu m’attirait beaucoup et j’en détectais le potentiel de développement, le secteur était en plein boom, c’était économiquement attrayant », explique-t-il. Le concept de réseau de proximité offert par L’Orange Bleue lui convient bien. Rapidement, il revend celui du Mans pour se focaliser sur le centre d’Angers. « Ce club a cartonné ! » Et en ouvrir un second dans un ex-Urban Gym en périphérie angevine.
Dans cette aventure, Vincent forme désormais un duo avec Gwénaël. « Il m’a tendu la perche », confie ce dernier. « J’avais neuf ans de plus et une école de commerce, lui était un pur coach, autant dire que cette double casquette crédibilisait beaucoup notre dossier auprès des banques », poursuit Vincent. « Dix ans après, ça n’a pas changé, quand un porteur de projet n’est pas issu du fitness, les banques le lui reprochent, et quand c’est un coach, il n’est pas assez entrepreneur », observe le duo, à qui on ne pouvait plus rien redire.
Nous sommes en 2015 et le marché français accélère, poussé à la base par le low cost et, dans les centres urbains, par le CrossFit – les prémices des boutiques gym. Mais Wefit.club se lance avec un positionnement généraliste classique. « Cela a toujours été dans notre ADN. » Pour diverses raisons, le duo décide de ne pas reconduire son contrat avec son ancien franchiseur. « Nous voulions lancer notre propre marque, proche de nos valeurs et proposer des clubs qualitatifs », souligne Vincent Belliard. Pour y parvenir, le duo décide
de professionnaliser le concept en structurant notamment l’accueil, avec un design accueillant, « plus cocooning », moderne. « Tout le concept graphique a été réalisé par une agence nantaise, spécialisée dans l’aménagement intérieur. L’objectif était de créer une atmosphère accueillante pour casser les clichés des clubs de sport. Les différents espaces ont été pensés afin de garantir la convivialité autant pour les équipes que pour les clients », précise Gwenaël Ricou.
Le premier club est installé à Mûrs-Érigné, en banlieue d’Angers, dans la galerie marchande du plus grand Hyper U de France. Le deuxième en centre-ville d’Angers. Le prix est fixé à 35,90 euros par mois avec engagement de douze mois, et 45 euros sans engagement. Une augmentation tarifaire assumée par les fondateurs, relative à la montée en gamme de leur marque : nouvelles chartes architecturale et graphique (plafonds noirs, parquet chêne, éclairage spécifique, etc.), marketing modernisé (slogan « Bougez, souriez ☺ »)… et aussi parcs de machines remplacés par du Matrix. « Aujourd’hui, nous travaillons principalement avec les deux leaders du marché : Matrix et Technogym, qui s’intègrent parfaitement à notre positionnement qualitatif », souligne le duo.
Depuis 2021, Wefit.club a fait le choix des cours collectifs Vidéofit, une proposition avec un excellent rapport qualité/prix (99 euros par mois pour un cours collectif, 149 euros pour le pack cinéma, qui permet aux membres de s’entraîner en autonomie…). La modernisation se poursuit avec une offre de vidéo à la demande (VOD), une option facturée 5 euros par mois afin de s’entraîner depuis chez soi. C’est un héritage évident de la période Covid, où les clubs étaient fermés des mois durant. Et aujourd’hui, c’est devenu une option offrant une touche de flexibilité aux adhérents, mais aussi une façon de garder un lien commercial avec des personnes qui déménagent. S’ils ne peuvent plus accéder en physique au club, ils paient 15 euros par mois pour accéder à l’offre digitale. Bien sûr, « ce n’est pas le plus gros du chiffre d’affaires », avoue le management.
CAPITAL INVESTISSEMENT
Avec 11 ouvertures en 2023, Wefit.club surfe sur son succès. L’objectif est de 15 à 20 ouvertures annuelles pour les années à venir. « Nous avons de la demande, des clubs qui marchent très bien avec, déjà, des franchisés qui ouvrent un deuxième ou un troisième club », se félicite Vincent Belliard. Pour accompagner cette belle dynamique, le duo a eu une autre idée : créer une société d’investissement, WeInvest. Lancée en janvier 2022, le duo avoue en être « très satisfait », tant elle est unique en son genre. Le principe est de faire se rencontrer les porteurs de projets en quête de capital et des investisseurs cherchant un potentiel à bon rendement, selon le principe private equity. WeInvest permet principalement à des coachs, qui n’auraient pas l’apport suffisant, de réaliser leur rêve d’ouvrir une salle de sport. « Nous faisons le choix de faire confiance aux coachs, d’ailleurs, ils représentent 60 % de nos franchisés. Nous les accompagnons afin de les faire grandir dans leur rôle de chef d’entreprise », témoigne Gwénaël Ricou, qui sait de quoi il parle pour être passé par là.
Il s’agit d’un véhicule d’investissement unique sur le marché, tant et si bien qu’il commence à attirer des franchisés d’autres secteurs d’activité. « Pourquoi avons-nous dégainé cette offre en janvier 2022 ? Nous savions que ça allait se tendre financièrement, que les apports demandés par les banques seraient plus importants, et en effet, aujourd’hui il faut 70 000 euros au minimum pour se lancer », indique Vincent Belliard.
Ajoutons à cela la remontée des taux d’intérêt, et cette solution d’investissement privé trouve toute sa pertinence. Deux cas de figure se présentent. Soit un coach, avec un apport insuffisant, cherche à créer sa salle, et sollicite WeInvest pour lever les fonds requis. Soit un chef d’entreprise souhaite transmettre son club à ses salariés, dans ce cas, WeInvest peut intervenir pour apporter les fonds nécessaires à l’opération.
« Quatre dossiers ont déjà bénéficié de ce mécanisme d’investissement privé, et tous cartonnent. Par exemple, on est très heureux de la réussite de Brice Raso, Wefit.club Verrières-en-Anjou, qui a réussi à créer une magnifique salle grâce à ce dispositif. Brice était coach dans une association depuis des années, avec en tête un projet d’ouverture de salle. Son apport, insuffisant aux yeux des banques, a été complété par le dispositif WeInvest. Brice a pu concrétiser son rêve : en deux semaines d’ouverture, il a déjà atteint son seuil de rentabilité ! », explique Gwenaël Ricou.
2023 est une étape importante dans la vie de la marque avec la reprise d’un club emblématique sur Angers : Station Foch. Wefit.club assoit ainsi sa notoriété sur son territoire d’origine, et rayonne nationalement. « La reprise de Station Foch était un vrai challenge pour nous, car totalement hors concept : salle de centre-ville, 1 800 m2 dont 600 m2 dédiés aux cours collectifs, 2 200 clients, dans un environnement concurrentiel important (Basic Fit, Fitness Park, L’Orange Bleue, Wake Up Form, Elancia…). Depuis la reprise en avril dernier et la mise en place des process Wefit.club, les résultats de Station Foch sont au-delà de nos espérances », précisent les entrepreneurs.
Wefit.club, c’est un chiffre d’affaires annuel moyen par club de 300 000 euros, et qui pourrait être supérieur à 10 millions d’euros à l’échelle du réseau à la fin de l’exercice 2023. Pour ouvrir une franchise, il faut compter un apport de 60000 à 80000 euros selon la taille
du projet, puis 100 000 euros de leasing matériel, 29 000 euros de droit d’entrée et 5 % de redevance. Chaque club emploie un gérant et deux coachs.
Wefit.club défie la polarisation du marché entre bas de gamme et premium, avec un panier moyen de 50 euros en zones rurales et villes moyennes. « Nous veillons à accompagner nos franchisés, et à toujours placer l’humain au centre de nos priorités. Cette dynamique humaine correspond aux attentes de nos zones d’implantations, et jusqu’à présent, cette ligne directrice nous sourit », souligne Gwénaël Ricou.
À Vire, en Normandie, ce petit marché de 16 000 habitants est partagé, tenez-vous bien, entre un L’Orange Bleue, deux Basic-Fit et un indépendant. Sur le papier donc, rien n’est épargné à un nouvel entrant qui voudrait faire son trou dans ce marché a priori complètement bouché. Wefit.club y est pourtant installé et, grâce à sa réputation « haut de gamme », comparé aux autres, Vincent et Gwénaël l’assurent « ce club fonctionne très bien ! ». Les perspectives pour les années à venir sont précises, les deux entrepreneurs ont pour objectif 70 clubs d’ici fin 2025 : évolution à suivre !