Parce qu’il évolue dans un contexte de santé où l’activité physique prend, chaque jour, une place de plus en plus importante, le fitness 2.0 est, en partie au moins, une réponse au problème de santé publique auquel nous sommes aujourd’hui confrontés.
Parce que la recherche médicale ne cesse d’accumuler des preuves sur la place de l’activité physique en prévention, et dans le traitement des grandes maladies chroniques. Parler du fitness 2.0 sans tenir compte de ces avancées, amputerait considérablement notre réflexion sur l’avenir de notre métier, à condition de ne pas se contenter d’arguments grand public, mais de s’appuyer sur des faits précis et scientifiquement validés par l’Evidence Based Medecine.
Parce qu’avec la malbouffe, la sédentarité est la cause principale de l’émergence de nombreuses maladies actuelles : obésité, diabète, maladies cardiovasculaires, cancers… L’Eurobaromètre 2014 constate une nouvelle augmentation parallèle de l’IMC moyen et du taux des inactifs. Et une étude australienne de décembre 2013 portant sur 25 millions d’enfants dans le monde, montre qu’ils ont perdu 15% de leurs capacités d’endurance en 30 ans. Ce qui confirme le point de vue de l’Organisation mondiale de la santé qui classe la sédentarité au 4e rang des facteurs de risque de mortalité dans le monde ! Face à ce constat, l’activité physique apparaît comme une réponse majeure au problème de santé publique que pose l’allongement de l’espérance de vie.
Des preuves scientifiques ? Oui, et très nombreuses ! Chaque jour, de nouvelles études viennent confirmer que l’activité physique est un élément majeur de longévité et de qualité de vie ! Son efficacité n’est plus contestée, à tel point que la très sérieuse Haute Autorité de Santé l’a classée, en 2011, au rang de thérapeutique non médicamenteuse. Ce que confirme le professeur François Carré, chef de service en cardiologie pour qui “il n’y a qu’un médicament qui prévienne l’ostéoporose, le cancer du sein et l’hypertension artérielle : l’activité physique.”
Des actions
Depuis 2001, les politiques publiques de santé recommandent “30 minutes de marche active par jour”, pour mettre en mouvement le plus grand nombre de nos concitoyens. Cet indicateur n’étant pas très simple à évaluer, il en existe un autre qui l’est beaucoup plus, surtout avec l’explosion du Quantified Self : “faire 10000 pas par jour”. Les objets connectés qui ont envahi notre quotidien, nous permettent de tracer quotidiennement notre activité physique, et nos progrès, et sont un élément important de motivation.
Des freins
La majorité des praticiens ne peut pas prescrire l’activité physique faute d’avoir été formés dans ce domaine, dont ils ne soupçonnent même pas la qualité et la diversité. Seuls quelques experts, passionnés de sport, en font un élément majeur de leur traitement, comme le cancérologue Thierry Bouillet qui constate que l’activité physique bien encadrée et pratiquée à une bonne intensité permet de réduire le risque de décès par cancer du sein de 34 %, et le risque de récidive de 47% ! Ce qui est une avancée considérable dans le traitement de cette maladie.
Des perspectives
C’est dans un contexte de santé en pleine évolution que le fitness 2.0 devra trouver sa place. Pour cela, les professionnels de santé doivent être mieux informés sur l’activité physique en général, et sur notre métier en particulier. La rédaction d’un livre de référence comme le Vidal du Sport, ou la prescription d’activité physique sur ordonnance, sont des initiatives qui vont dans le bon sens, mais dont on ne peut pas attendre de retombées à court terme. Pour sa part, la création du label “Salle Sport et Santé”, initiée par la Société française sport santé, et l’Union patronale fitness Bien Être Santé, peut accélérer la prise de conscience de la qualité de notre travail. Enfin, l’évolution de la fonction conseil du pharmacien qui devient peu à peu l’interlocuteur santé de proximité privilégié, va, elle aussi, modifier le panorama santé dans les années à venir.
Quoi qu’il en soit : l’efficacité de l’activité physique est prouvée chaque jour un peu plus ! Et quand le Dr Thierry Bouillet dit que ses patients cancéreux parviennent à “retrouver un peu de bonheur grâce à l’activité physique”, c’est un bel hommage qu’il rend à notre cœur de métier, et quelque part, à notre profession qui détient vraiment une partie de la réponse aux problèmes de santé publique qui se poseront inévitablement demain.
Paul Allart