Souriante, avenante et singulière, Lucie Croissant, ça vous dit quelque chose. Et pour cause, du haut de ses 1m58 elle fait parler d’elle dans de nombreuses disciplines extrêmes. L’émission de Canal +, Intérieur Sport, lui avait fait un focus à l’occasion de sa participation au triathlon le plus dur au monde : Le Norseman. Récemment, elle était également à la Une du 20 heures de TF1 pour sa participation à l’Ötillö, le Championnat du Monde de Swim-Run, en Suède. Enfin, pour participer à l’épreuve qui la faisait rêver, le Championnat du Monde de triathlon Xterra, à Mauï, cette jeune triathlète a lancé sur la toile une opération de crowfunding qui fut un réel succès. Cette diplômée de l’EDHEC sait y faire et reflète désormais un charisme particulier tant dans le sport que dans la vie professionnelle. Portrait de cette femme hors du commun :
Fitness Challenges Magazine : Bonjour Lucie, sur les compétitions ou dans la rue, ton visage et ton nom sont souvent familiers, peux-tu te présenter ?
Lucie Croissant : Bonjour, je m’appelle Lucie Croissant et j’ai 26 ans. Je fais partie de l’équipe féminine de triathlon d’Aix-en-Provence (le Triathl’Aix), de l’équipe de raid MaxiRace et également du Team B’twin avec ma sœur jumelle, Julie. Originaire de Angers, j’ai depuis beaucoup déménagé : de Nantes à Paris en passant par Grenoble et désormais Aix-en-Provence. Après avoir suivi une classe préparatoire, j’ai intégré l’EDHEC Lilles et y ai suivi un cursus international. Ainsi, cela m’a permis d’étudier au Danemark ou encore en Autriche et d’obtenir un double Master : un en Management, l’autre, un MSC en Marketing. Cela m’a également permis de commencer à travailler très tôt, dès l’âge de 20 ans, en apprentissage, au sein de Amaury Sport Organisation (société organisatrice du Tour de France, du Paris Dakar, entre autres, ndlr) et B’twin. Actuellement, je suis Store Coach chez Adidas.
FC : Ces trois employeurs ont un point commun, le sport. Pourquoi t’es-tu orientée vers ce domaine ?
LC : Je fais du sport depuis longtemps. C’est donc naturellement que je me suis orientée vers ce milieu-là. Avec ma sœur jumelle, Julie, on a commencé la natation dès l’âge de 3 ans. Puis parallèlement on s’est mises à l’athlétisme. On a même été médaillées de bronze au championnat de France 4X1000m avec mon équipe. Dès que j’ai commencé mes études supérieures, j’ai dû faire des sacrifices, délaissant mes clubs de natation et d’athlétisme. Le rythme exigé en prépa était très soutenu, le seul moyen pour moi de décompresser était de faire du sport à côté. Pour être efficace au travail, je devais me défouler, faire du sport. D’ailleurs les autres étudiants me surnommaient « la folle ». Les journées de travail étaient très longues, je profitais des soirées pour aller en salle de sport où mes activités favorites étaient le Step et le RPM. Je me suis mise aussi au triathlon afin de concilier mes sports de prédictions sur une même compétition. J’ai ainsi couru mon premier triathlon et obtenu ma première victoire !
FC : Et aujourd’hui, comment conjugues-tu sport et vie professionnelle ? La pression est-elle la même ?
LC : Disons que la pression est différente qu’en prépa. Avant, j’avais un travail à heures fixes, maintenant que je suis commerciale sur le terrain, j’ai moins de temps libre. Je profite ainsi de mes soirées et de mes week-ends pour m’entraîner et décompresser de la journée. J’assimile entièrement le sport avec ma vie sociale. C’est un moyen de se retrouver avec les autres adhérents de mon club mais aussi d’être crédible le jour de la compétition.
FC : Ça ne doit pas être tous les jours très simple d’être une fille et de travailler dans le milieu du sport ? Rencontres-tu des difficultés face à tes collaborateurs ?
LC : Oui en effet, un jour, alors que je menais une formation, j’ai demandé si certains faisaient de la course à pied. On a alors échangé sur les différentes pratiques dont le triathlon. L’un de mes collaborateur a abordé le reportage de l’émission de Canal +, Intérieur Sport sur le Norseman. Quand je leur ai annoncé, à la stupeur de tous, que c’était moi la fille dans le reportage, la relation client s’est complètement bouleversée. C’est sûr que pouvoir pratiquer un sport et savoir mettre les mots sur les produits ou services qu’on vend devient tout de suite plus crédible. C’est un réel avantage surtout lorsqu’on est une fille car souvent, il n’est pas simple de négocier face aux hommes. D’ailleurs, le fait que je fasse du triathlon me pousse au quotidien à être endurante lors de mes négociations, c’est un réel atout. C’est aussi l’occasion d’échanger ses petites anecdotes et sortir du discours originel trop commercial. Parfois même, des clients me demandent des conseils ou des plans d’entraînements !
FC : Il arrive donc que t’entraînes tes collaborateurs, te vois-tu coach un jour ?
LC : Non je ne me vois pas coach. Au quotidien, j’aime partager mes expériences et encourager les personnes qui ont besoin de faire du sport différemment, de se faire plaisir. Je leur conseille d’autres façons de courir tel que courir à plusieurs. Cela permet de transmettre des émotions et des savoirs. J’aime autant transmettre qu’apprendre. Souvent, au lycée, j’apprenais à mes amis à se trouver dans le sport et à se perfectionner, le sport ça change la vie. En prépa, je donnais même des cours de danse rock !
FC : Alors comment espères-tu évoluer professionnellement ?
LC : A l’heure actuelle, je veux profiter de ma jeunesse pour continuer à évoluer dans la force de vente, au contact direct avec les clients. Ensuite, j’aimerais évoluer sur des postes tels que chef de projet ou responsable produit. Des missions similaires à ‘ce que je faisais chez B’twin. Comme dans le sport, au travail, j’ai besoin d’objectifs pour avancer.
FC : Comment définies-tu tes objectifs dans le sport ?
LC : Chaque compétition est pour moi un défi mais aussi et avant tout une nouvelle expérience où je sais que je donnerai le meilleur de moi même et que j’y prendrai du plaisir. Je ne peux pas me donner un objectif de temps, ni de place, je cherche avant tout à donner le maximum, c’est ma seule satisfaction une fois arrivée. Avant de faire mon premier IronMan, à 23 ans, je pensais que c’était impossible, que ce n’était pas fait pour moi. Je termine pourtant 1ère ex-eaquo avec ma sœur chez les moins de 25 ans ! Ce sont les courses qui m’amènent à l’entraînement et pas l’inverse.
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Lucie Croissant en Bref
Age : 26 ans
Sports : Natation, Triathlon, Raid…
Métier : Store Coach Adidas
Palmarès : – IronMan de Nice : 1ere ex-aequo U25 en 11h57,
– Norseman : T-shirt Noir
-la CCC (trail de 98km) : 17h20,
– EmbrunMan : 13h45,
– Championne de France Sénior 2 de Triathlon Longue Distance, en 2013
– Championnat du Monde de Xterra : 5ème U25,
– Participation au Championnat du Monde de raid au Costa Rica, au Swim Run Engadin et à l’Ötillö (Championnat du monde de Swim-Run).
Facebook : http://on.fb.me/1BTcICF
Site Internet : http://lucie-croissant.onlinetri.com/
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FC: Peux-tu nous présenter une semaine d’entraînement type ?
LC : Elles varient selon mes objectifs, Je dois tout de même garder une certaine rigueur, c’est en cela que m’aide mon entraîneur, Yves Lemoigne (Cayambe-Sports), avec qui je planifie mes semaines d’entraînement. Généralement, une semaine atteint 13 à 20h d’entraînement. Je fais 1h30 de natation ou de course à pied par jour en variant les intensités et les exercices. Je consacre mon week-end pour faire mon entraînement en vélo. Il m’arrive de faire 3 sports dans la même journée. Maintenant qu’un entraîneur me suit, je m’entraîne moins mais mieux. Souvent le triathlète a l’impression de n’en avoir jamais fait assez.
FC : Intègres-tu des séances de préparation physique dans ton planning ?
LC : Oui, je fais de la Préparation Physique Générale tous les jours. Une séance type inclut du gainage, de la musculation de la proprioception et des étirements. Lors de ces séances, j’ai l’habitude de faire un circuit training composé de pompes, pompes diamant, squat, dips et bien sûr la chaise, pour travailler les ischios et les quadriceps. J’utilise pour l’occasion un swiss-ball, des poids mais je m’entraîne surtout avec la masse du corps comme le font les crossfiteurs.
FC : Si tu devais donner un conseil à nos lecteurs, lequel serait-il ?
LC : Je pense que le plus important c’est de prendre plaisir dans ce que l’on fait. Si le plaisir n’est plus là alors ce n’est pas la peine de continuer. Au fil des années, j’ai également appris à m’entraîner intelligemment, surtout en course à pied, discipline assez traumatisante. Ces deux conseils vont de paire : si l’on sait ce que l’on fait à l’entraînement, et pourquoi on le fait, cela contribue au plaisir.
FC : Enfin, où pourrons-nous retrouver en cette fin de saison ?
LC : Je serai sur le Raid In France, du 14 au 20 septembre, avec mes coéquipiers de la Team MaxiRace. Cette épreuve relie le Puy-en-Velay à la Grau-du-Roi en équipe de 4. C’est une très belle épreuve qui me permettra également de rencontrer de nouvelles personnes et de nouveaux professionnels du sport. Ensuite je participerai le 4 octobre à la Coupe de France des clubs de triathlon à Aiguillon-sur-mer, avec l’équipe féminine D2 du Triathl’Aix. Enfin je serai sur le Roc d’Azur, du 8 au 12 octobre, pour y faire le Tri Roc avec ma sœur et le Roc Tandem avec mon copain. B’twin nous a même concocté une séance de dédicaces durant le salon…je t’avoue que je suis un peu anxieuse !