Qui a dit que les clubs de fitness très haut de gamme n’étaient qu’à Paris ? Avec Vertuose Club, David Helena, ancien haltérophile compétiteur et patron d’hôtel de luxe, rassemble ses deux vies en un lieu unique. Il propose à une poignée de membres choisis sur numerus clausus de pratiquer le fitness dans un écrin. Ses clients sont majoritairement des sportifs compétiteurs, politiques, avocats, chirurgiens et des dirigeants, mais pas que…
Vertuose Club a fêté son premier anniversaire et, pour un club qui s’est lancé encore en plein Covid, c’est une performance sportive en soi. Que dire olympique ! Le club lyonnais très haut de gamme a une botte secrète : il est porté par David Helena, un manager à la double identité.
Il est à la fois ancien haltérophile compétiteur – autant dire qu’il a l’habitude de porter plus lourd que lui. Mais aussi un ex-dirigeant d’hôtel haut de gamme. Déjà habitué à accompagner des sportifs et à choyer ses clients, il décide de conjuguer ses deux atouts pour tout rassembler en un lieu unique. En fin d’interview, il nous glisse que l’ancien gardien de l’équipe de France de foot Grégory Coupet s’entraîne chez lui ainsi que l’ex-maire de Lyon et ministre de l’Intérieur Gérard Collomb. « Ces profils sont soumis au stress et aux grosses journées, alors nous leur proposons un programme pour diagnostiquer ce qui ne va pas et mettre en place un suivi de rééducation ou de réathlétisation », souligne le dirigeant, qui a lui-même été formé à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep).
DE L’HALTÉROPHILIE !
David Helena a décidé, un jour, d’installer une barre d’haltérophilie. Une initiative qui a de quoi détonner dans cet univers feutré. « Cela a rencontré un énorme succès, si bien que certains veulent faire de la compétition », témoigne le manager.
Le décor est planté. À la question de savoir comment le dirigeant peut bien conjuguer les codes du fitness haut de gamme et les cris, lâchers de barre et la sueur de l’haltéro, il répond s’être équipé avec une plateforme Eleiko amortissante de 30 centimètres d’épaisseur. Ils peuvent donc « droper » la barre en toute discrétion… Quant à l’attitude, David Helena assure que tous savent se tenir dans l’adversité. Côté coaching, les cours d’épaulé-jeté et arraché sont assurés par David Helena. Il a été en équipe de France militaire, a été champion de France par équipe et a participé à des rencontres internationales. À 140 kg à l’arraché et 170 kg à l’épaulé-jeté, l’athlète était une vingtaine de kilos sous les minimas olympiques. « Un monde ! »
À ceux qui se demandent que vient faire l’haltérophilie chez Vertuose Club, David Helena répond en citant ses membres. « Ils me disent que le challenge de la barre leur procure un sentiment de grande humilité et une zen attitude, certains me disent qu’ils s’en servent ensuite dans leur travail », décrit le patron, qui ajoute « en être le premier étonné ». S’il doit ouvrir un autre club à terme – et ce n’est pas impossible –, il n’hésitera pas à installer une plateforme d’haltérophilie.
Côté activité, au-delà de la musculation et du cardiotraining, l’offre se veut assez resserrée. Elle compte ainsi uniquement du Pilates et du cross training en plus. Pas de Zumba et autres concepts de cours collectifs qui n’appartiendraient pas au haut de gamme. Mais pas de yoga non plus. Si l’accent n’est pas mis sur les cours collectifs, c’est pour se concentrer sur un accompagnement 100 % personnalisé et des objectifs individualisés. « Ici, nos clients dépensent pour le coaching, c’est vrai, mais ils en ont pour leur argent ; ils investissent pour leur santé. En effet, le coaching est reconnu pour booster les résultats et améliorer les aptitudes physiques grâce à un suivi sur mesure », pointe Vertuose Club. De quoi jouer sur la corde de l’esprit de compétition cher aux décideurs ?
3 500 EUROS PAR AN
Mais nous avons dit que David Helena, c’est aussi l’hôtellerie de luxe. « Après ma carrière sportive, je suis entré dans le monde des palaces en ayant la chance de devenir responsable des sports du Royal Parc Evian. » Cette expérience le conduit à devenir directeur général de l’hôtel quatre étoiles Lyon Métropole pendant douze ans, jusqu’en 2021. Pendant cette période de sa vie, il ne coupe pas avec le sport : l’hôtel a un espace forme de 2 500 mètres carrés.
Entre une activité « chronophage » et l’envie de « voler de ses propres ailes », l’hôtelier lance finalement son aventure, moyennant 1,265 million d’euros sur fonds propres, avec 250 000 euros pour les travaux et autant pour le matériel – essentiellement du TechnoGym haut de gamme
et du Eleiko, incontournable pour l’haltéro. Pour en arriver là, il voyage avec sa femme et benchmarke les États-Unis, Londres et même Paris, désormais une vraie référence en matière de haut de gamme, entre L’Usine, Le Klay, Ken Club, Blanche… « Mon idée était de créer un club avec numerus clausus, limité à 150 ou 200 adhérents, avec une grande priorité sur la qualité des matériaux, le design, l’hygiène et le lien social », liste l’entrepreneur. « Je voulais surtout faire du haut de gamme, et pas du premium », cadre-t-il, estimant que « trop de clubs revendiquent de proposer un positionnement premium, alors qu’en fait, ils ne sont que du low cost », souligne le manager. Il n’en démord pas : « Ça, il faudra qu’on m’explique ! » Lui dit rester humble, « à notre place ».
Pour l’aider à ne pas déborder sur le moyen de gamme, il peut compter sur la grille tarifaire. L’abonnement classique est à 1 500 euros l’année et attention, il n’est pas question de lisser le paiement sur douze mois. Il faudra payer comptant. L’autre formule, Business, est à 2 500 euros HT.
À ce prix, vous pouvez partager l’abonnement avec une deuxième personne. Dans tous les cas, vous pouvez parrainer respectivement une et
cinq personnes pour faire découvrir le club à votre entourage. « On fonctionne beaucoup par cooptation », clarifie le patron. Mais ce n’est pas tout. Car Vertuose Club se distingue par son coaching et autant dire qu’il aide à faire grimper le panier moyen. « On estime que chaque abonné consomme entre trois et dix coachings par mois, ce qui fait un panier moyen au niveau du club de 3 500 euros », compte David Helena, qui assure que certains fans de coachings dépensent, tenez-vous bien, jusqu’à 16 000 euros par an ! Au-delà du coaching, cela inclut un programme avec des séances où le client vient s’entraîner librement dans une logique de progression et de cohérence avec les séances de coaching. Ce programme est renouvelé régulièrement tout au long de l’année en fonction des progrès du client.
LES CODES DU LUXE
Haut de gamme oblige, Vertuose Club se décrit d’abord par son expérience client. « Chaque inscrit est reçu personnellement par le coach qui lui partage sa méthode d’accompagnement. On lui explique les services proposés, ce qui inclut la restauration – avec, notamment, un club-sandwich signature élaboré par un grand chef –, le drap de bain et la télécommande individuelle pour l’accès au parking privé, ainsi que les petites attentions privilégiées telle qu’un chocolat à 85% acheté spécialement pour un client. Nous passons beaucoup de temps avec nos clients et nous essayons de les surprendre parce qu’ils sont habitués aux codes de l’hôtellerie haut de gamme. Nous leur partageons aussi les principes de notre charte interne, qui demande une tenue vestimentaire décente, c’est-à-dire pas de débardeur ni de casquette à l’envers », décrit David Helena. « Notre club a une âme très studieuse » et « les adhérents peuvent échanger entre eux », explique le dirigeant. Un bilan métabolique est proposé par la femme de David Helena, diplômée en nutrition – mais ingénieure et centralienne de formation ! « Il y a parfois des vérités dures à dire, mais cette étape est extrêmement importante, car cela va conditionner la prise en charge qui ne se limite pas à la dimension sportive », prévient le patron. En effet, « beaucoup de clients » prennent des conseils nutritionnels pour équilibrer leur comportement alimentaire. Un questionnaire est ensuite proposé afin de mesurer la qualité du sommeil, le niveau de stress, la sédentarité, la force, l’endurance et d’autres aptitudes. Au total, il faudra compter 1 heure 30 de profiling complet.
Ensuite, place aux coachs. « Ils se réunissent toutes les semaines et débattent entre eux des programmes proposés aux adhérents », décrit David Helena. Nous individualisons les programme d’accompagnements proposés à nos clients dans le respect de leurs besoins et de leurs objectifs.
Les coachs présents sont en CDI et pas autoentrepre- neurs. « Nous avons déjà essayé, mais nous avons besoin de personnes engagées, qui connaissent nos clients et la méthode Vertuose Club. Cela leur procurent un sentiment d’habitude et de confiance », indique le patron. Diplômés de Staps pour les plus affûtés et BPJEPS pour les autres, ils sont rémunérés un peu plus d’un SMIC, selon David Helena, que des primes viennent compléter pour atteindre un niveau de revenus confortable, assure le manager. L’heure de coaching est facturée 65 euros l’unité et revient à 60 euros en pack de dix. « Nous leur demandons un savoir-faire, mais aussi un savoir-être, une très bonne élocution, car ils ont affaire à d’anciens ministres, mais pas que » pointe le manager. « Nous avons aussi des joueurs de l’Olympique Lyonnais donc il ne faut pas que les coachs viennent, par exemple, leur demander un autographe, ils doivent se tenir ! », dit le patron. « On l’a déjà vu », poursuit-il. Un livret d’intégration est donné aux coachs avec les codes à apprendre. L’une des valeurs cardinales est de ne jamais laisser les clients tout seuls, même en séance libre.
CÉRAMIQUE ITALIENNE
Le lieu est « très beau », fait valoir David Helena, ce qu’un rapide coup d’œil permet de valider immé- diatement. Au sol, du béton ciré du plus bel effet. Au plafond, des luminaires hyper design évoquant le style Art déco créés par un artiste. Derrière le comptoir, fait main par des compagnons du devoir, le mur est tendu de céramique italienne à l’effet métallique. Des sièges colorés invitent à prendre un café.
Des baobabs diffusent l’identité olfactive du lieu qui, elle aussi, a été mûrement réfléchie. Des œuvres de Derek Overfield complètent le tableau afin de procurer au lieu une dimension « culturelle et atypique ». De quoi satisfaire une cliente éduquée et exigeante. Côté douches, elles ressemblent à ce que l’on peut trouver dans une suite d’hôtel de luxe, avec leur ciel de pluie. Les casiers en bois très spacieux finissent d’ancrer le lieu dans le haut de gamme. Entre l’accueil et la zone technique, il n’y a pas de tourniquet qui bloquerait les clients. On n’est pas dans le métro !
Un club aussi resserré, c’est aussi une façon de se créer un réseau. Un aspect indéniable que confirme David Helena, et qu’il accompagne.
« Plusieurs fois par an, nous organisons des soirées privées autour d’une bonne table, on fait venir des chefs qui préparent par exemple des grillades », raconte le tenant des lieux. « Certains clients ont des connaissances mutuelles, ce qui contribue à la bonne entente », assure-t-il. Alors que les codes du haut de gamme riment généralement avec individualisme, il témoigne que « tout le monde se dit bonjour ».
La première année d’exploitation de Vertuose Club a dépassé les attentes de David Helena, et ce, malgré le contexte économique morose. Voulant maîtriser sa croissance, il envisage de se laisser au moins trois ans avant d’ouvrir un autre centre. « Je pense à Lyon, car il existe des quartiers qui ont un potentiel et qui ne sont pas encore servis en fitness haut de gamme. Cela peut être porté par un salarié qui connaît nos codes, qui a grandi avec nous et qui souhaite développer une structure, mais je ne souhaite aucunement franchiser la marque, on ne peut fonctionner que par rebond », affirme-t-il. Il a créé une pépite et il ne veut pas la galvauder.